L’économie de la Turquie, frappée par l’inflation de sa monnaie, cherche dans l’or un outil de stabilisation
Fin 2011, la Turquie a autorisé les banques commerciales du pays à utiliser l’or à la place de la livre turque afin de garantir les dépôts requis à la banque centrale. Ces dépôts sont connus sous le nom de réserves obligatoires et permettent de garantir la capitalisation des banques. Cet ajustement des règles permet aux banques d’utiliser l’or comme un actif financier et sert, en outre, à rediriger une grande quantité de l’or, qui était auparavant détenu à titre privé. Avec ce changement, le gouvernement a pu saisir l’or caché chez les particuliers pour aider à stabiliser les banques et l’économie sous-jacente.
L’or turc, qui avant les mesures languissait sous des matelas ou dans des coffres de sécurité privés, sert maintenant un but économique plus utile en permettant aux banques de consentir davantage de prêts basés sur la livre.
Avec une inflation annualisée de 40%, la valeur de l’or augmente également quand elle se mesure en termes de livres. En résumé, les dépôts d’or des banques commerciales valent de plus en plus chers, en termes de monnaie locale et à mesure que l’inflation augmente encore et encore. Ainsi, bien que le pouvoir d’achat de la monnaie locale diminue chaque jour avec une inflation à deux chiffres, la valeur de l’or ne chute pas. Par exemple, alors qu’un dollar s’échangeait contre 4,10 livres il y a un mois, ce même dollar va aujourd’hui s’échanger contre 4,53 livres, ce qui signifie que la livre a perdu de la valeur alors que le prix de l’or en dollars est resté à peu près statique par rapport au début de la même période. Avec cette formule, les directeurs des banques commerciales n’ont pas à se préoccuper d’envoyer continuellement plus de dépôts d’or à la banque centrale pour maintenir les réserves obligatoires. La valeur de l’or s’adapte naturellement, ce qui signifie que si une banque commerciale augmente ses prêts, elle n’a pas à s’inquiéter de stocker plus d’argent dans la banque centrale pour se couvrir. Et c’est ainsi que, du moins en théorie, les finances des banques peuvent se stabiliser.
Cependant, il convient également de se rappeler que le gouvernement ne possède pas ces réserves d’or supplémentaires. Il s’agit des actifs des banques commerciales et / ou des investisseurs qui ont déposé leurs lingots dans l’institution financière. Les investisseurs privés ont la possibilité de récupérer leur or s’ils souhaitent retirer de l’argent d’un compte de dépôt. Mais si tous les clients retiraient leur or, les banques devraient envoyer immédiatement une grande quantité de livres turques à la banque centrale, c’est un scénario théoriquement possible.
La chute de la livre turque est arrivée avec le désir des investisseurs de sauver leur richesse de l’inflation, en vendant leurs investissements libellés en livres en faveur des dollars américains et d’autres monnaies importantes qui ne souffrent pas d’inflation élevée. Fondamentalement, le problème est que l’inflation est très élevée et le gouvernement ne veut pas ralentir l’économie pour écraser l’inflation.
Au cours des six dernières années, la Banque Centrale de Turquie a accumulé 400 tonnes d’or supplémentaires dans ses réserves.